Les puces de France et du bassin méditerranéen occidental

Quel est le sujet du livre "Les puces de France et du bassin méditerranéen occidental"

Ce travail ne devait être, à l'origine, qu'une « Faune de France » des Siphonaptères ou Puces.

Son utilité se justifiait, entre autres, par le simple bond des taxa répertoriés dans notre pays qui passaient, de quelques 35 dans la révision de SÉGUY (1944), à près de 110 au cours de nos prospections.
Toutefois l'originalité et la richesse de cette faune sont, comme pour beaucoup d'autres groupes, essentiellement cantonnées dans la partie méridionale de notre pays. Dès lors, en dépit des frontières naturelles qui nous séparent tant de l'Italie que de l'Espagne, il devenait nécessaire d'élargir à ces régions nos recherches et « notre » faune. Finalement c'est l'ensemble du Bassin méditerranéen occidental qui est étudié ici, de l'Italie au Portugal, du Maroc à la Tunisie.

La Suisse, par son intrication faunistique avec l'Italie et la France, est incluse dans ce travail, de même que toutes les îles méditerranéennes de cette région et, pour des raisons biogéographiques (l'enclave macaronésienne !), les îles Canaries. Nous avons exclu Madère et ses îlots satellites qui ne semblent pas présenter d'éléments endémiques. Plus de 200 taxa sont actuellement répertoriés sur ce territoire et il est bien évident que cet inventaire est loin d'être complet.

Si le rôle prééminent de ces insectes dans la propagation de la Peste n'a plus à être démontré, l'intérêt biogéographique des Puces est également indiscutable. La théorie de la dérive des continents peut s'appuyer entre autres sur la dispersion actuelle de certaines familles de ces insectes; les « ponts » qui unirent par exemple, l'Afrique à l'Europe, l'Ancien et le Nouveau Monde sont confirmés, proposés... ou remis en question.

Cette partie de la sous-région méditerranéenne qui nous intéresse ici constitue une entité biogéographique réelle. Sa faune, inféodée en grande partie à des hôtes « récents », a son histoire modelée sur celle des dernières fluctuations du Bassin méditerranéen. Les rives nord et sud de celui-ci, en liaison directe rompue au Pliocène, ont potentiellement reçu les mêmes vagues d'invasions venues d'Asie. Toutefois, alors que les mammifères Muridés s'implantaient partout, la rive septentrionale voyait l'envahissement et la diversification des Arvicolidés tandis que la rive méridionale privilégiait les Gerbillidés. Par ailleurs, les vagues climatiques glaciaires qui transformaient en toundra l'Europe acculaient les faunes tempérées dans les péninsules étirées vers le sud et les y faisaient évoluer en vase clos, expliquant, certes, un certain parallélisme des faunes italienne et ibérique mais aussi leurs originalités respectives. De même des « insularisations » altitudinales se créèrent, montrant, en particulier des affinités remarquables avec les faunes caucasienne ou d'Asie centrale...

Nous souhaitons que ce travail suscite l'enthousiasme des Entomologistes pour ce groupe, fort délaissé jusqu'à présent : il reste beaucoup à faire. Un Humoriste, ou un Sage, a dit que les Puces avaient été créées pour sauver les chiens de l'ennui. Que n'a-t-il pas plutôt parlé des Entomologistes !