Au-delà de l'opposition valide et handicapé

Référence: 9782749278049

L’opposition valide/handicapé produit toujours une comparaison défavorable aux personnes en situation de handicap et leur impose les normes d’une validité arbitraire. Comme d’autres oppositions, aujourd’hui en question, il faut la faire tomber pour ouvrir une politique adéquate.

Il est évident que les personnes en situation de handicap, sont infériorisées, quand ce n’est pas mises de côté ou méprisées, parce que la validité est préférée, sert de référence et impose ses normes. Ayant rappelé ce constat, largement établi, je me suis demandé s’il était possible de penser un dépassement, voire une abolition, de cette opposition ruineuse. Le premier pas est de montrer le caractère historique, et donc contingent, de l’idée de normalité qui remonte au début du XIXe siècle et qu’ont déconstruite Georges Canguilhem,  Michel Foucault ou Erving Goffman.

Mais il m’a semblé indispensable de prendre acte de l’immense courant de pensée contemporain qui remet en question de multiples oppositions sur lesquelles on se reposait comme des acquis. C’est le cas des anthropologues comme Philippe Descola dans sa démonstration que notre opposition nature/culture, notre naturalisme, n’est qu’un système parmi d’autres. Dans la même lignée se situent d’autres anthropologues, tels Eduardo Kohn et surtout Bruno Latour. À bien regarder dans d’autres sciences, le même mouvement de se défaire des oppositions que l’on croit intangibles est à l’œuvre. C’est le cas en sciences du langage, telle la question du neutre chez Roland Barthes ou de la logique issue de la physique quantique chez Stéphane Lupasco. C’est aussi, en cohérence avec ces sciences, et sans doute parfois en influence souterraine, que se comprend le domaine de déconstruction de l’opposition, établie elle aussi comme insurmontable, entre le masculin et le féminin, dans ce qui est devenu les recherches et théories du genre. 

 

Il ne s’agit pas de tout mettre sur le même plan, car chacun a sa particularité, et ce n’est pas la même chose d’être en fauteuil roulant, ou avoir une maladie mentale et être parfaitement à l’aise dans l’espace social, mais il n’y a que des situations sur un continuum, non hiérarchique, non stigmatisant, non discriminant.

Si une étude comme celle-ci ne peut prétendre constituer un programme politique complet, elle peut néanmoins indiquer des pistes, afin d’être cohérent avec ce continuum des existences humaines. Je développe une nouvelle façon d’être ensemble, tant au niveau des regroupements spécifiques que dans la société globale : décloisonner toutes les catégories au profit d’associations centrées uniquement sur les individus. Cette perspective implique une politique publique nouvelle, non plus à la recherche de savoir où mettre les personnes dites handicapées, mais de savoir comment répondre aux besoins divers d’individus divers. Les politiques menées en Suède ou au Québec, sans en faire des modèles, peuvent nous inspirer. La première condition pour atteindre cet objectif est de se mettre dans la perspective de la société inclusive, qui n’est pas celle de la simple insertion, poursuivie par les gouvernements en faisant croire qu’elle est inclusive. Il y faut aussi un nouveau mouvement des personnes dites handicapées elles-mêmes.   

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