De la vengeance à l'indemnisation sans égard à la responsabilité

Référence: 9782807207202

Dans la nuit des temps, c'est la vengeance sans limites avant l'imposition parle talion d'un équilibre entre l'agression et la réplique (oeil pour oeil...). En l'an 500, c'est Clovis et la loi salique, après quoi le législateur poursuit trois objectifs : punir l'auteur de l'infraction, réparer le dommage subi parla victime, préserver l'ordre public. Le Code Napoléon subordonne l'indemnisation de la victime à l'existence d'une faute prouvée. La faute comprend un élément objectif, la violation d'une règle, et un élément moral, un jugement de valeur sur une conduite humaine. Il faut attendre la fin du XXe siècle pour que l'élément moral, rémanence de l'amalgame que l'on faisait au Moyen Age entre faute et péché, n'ait plus sa place dans le droit de la responsabilité civile. Puis surviennent la révolution industrielle, les accidents du machinisme et, en 1897, la théorie du risque-profit de Saleilles : celui qui tire profit d'une activité doit en supporter les charges, ce qui englobe l'indemnisation des dommages qu'elle provoque sans qu'il y ait à rechercher s'il y a ou non faute de sa part. Ce passage de la faute au risque va inspirer les lois sur les accidents du travail. Enfin, en 1985, la loi Badinter en France instaure, au sein du droit commun de la responsabilité civile, un régime de responsabilité objective, sans recherche d'un coupable, sans égard à la faute. En Belgique au XXIe siècle, l'indemnisation de la victime est devenue le but principal du législateur, et l'on assiste au glissement d'un système de responsabilité vers un régime d'indemnisation automatique sans recherche d'un responsable. La boucle se ferme et l'on est passé, au fil des modifications de la pensée juridique et sociale, de la vengeance à l'indemnisation sans égard à la responsabilité.

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